Il était un peu plus de 7 heures ce jeudi matin lorsque nous nous sommes retrouvés au point de RdV convenu, en proche banlieue, à l'est de Paris.
Une heure encore très peu avancée de la journée où l'on croise les chiens qui promènent leurs maitres, ou les gens solitaires, sans laisse apparente, qui partent pour aller travailler.
Les scooters sont prêts et chargés, 3 PX 125 "stocks" et un T5 avec un moteur... vitaminé.
Il fait nuit encore à cette heure, mais la banlieue est bien éclairée. Quelques tours de roue et nous voici sur l'autoroute de l'Est. Une petite demi-heure de roulage, certainement la moins agréable de la journée. L'estimation pour ce jour est de 470 kms. Il ne s'agit pas de trainer, il faut quitter Paris et sa force centrifuge au plus vite. L'autoroute est le moyen le plus efficace.
Sortie "Provins", et nous voici sur une nationale. A contre-sens, les files d'auto s'allongent aux abords des ronds-points. Encore quelques kilomètres et nous sommes sur des départementales quasi-désertes. Le jour se lève, mais le soleil peine à percer dans le brouillard. L'humidité se condense sur les rétroviseurs, sur les visières et sur ma caméra fixée à l'avant-bras.
J'ai un peu froid... j'avais sous-estimé la baisse des températures.
Mais tout tourne parfaitement. Le Clown ouvre la route, et par alternance, Eusebio, Torino ou moi, nous fermons le banc. On traverse des villages de grande banlieue, presque la province. C'est l'heure de la rentrée des classes, seule activité qui semble déjà en marche, comme les écoliers qui convergent d'un bon pas vers les écoles.
Nous nous arrêtons prendre un café dans un village. Les gars du BTP sont au comptoir. Une tournée, deux tournées de cafés, le percolateur ne s'arrête pas de distiller.
Nous reprenons la route. Les champs de maïs font bientôt place à la vigne. Nous voici en Champagne, dans la brume. On y entre progressivement. Les premières "maisons" ne sont pas celles des grand-crus... mais la vigne est partout, là où il y a de la terre. C'est sans modération. Même entre deux maisons, sur 20 M2, on trouve des pieds de vigne. Nous marquons une halte sur un point haut, celui du "Moulin Mum" qui nous donne un panorama d'une partie de la Marne. La région est assez vite traversée. Les routes sont peu fréquentées, on peut rouler.
Nous quittons Château-Thierry, la Champagne et nous nous dirigeons vers Bar le Duc. Les routes sont droites, les champs sont à perte de vue. On gaze. Mais les jauges descendent et nous ne voyons aucune station. On commence à s'inquiéter. Par prudence, nous diminuons la vitesse pour économiser notre carburant. Finalement nous trouverons une station. Nos conduites sont similaires, il ne reste plus qu'un litre dans chacun de nos réservoirs. Pas un pour rattraper l'autre.
Les pleins faits, nous reprenons la route. Nos scoots avalent les kilomètres. Les avions de chasse nous survolent. Sans doutes des équipages de la B.A. de Saint-Dizier, relativement proche.
Le ciel est dégagé pour les militaires et pour nous aussi. Le soleil illumine et nous réchauffe. Nous sommes dans "le Grand Est". Juste avant le massif des Vosges, les routes sont droites, tirées au crayon probablement depuis Napoléon, dont nous apercevons une statue au détour d'un village.
Une pause pour déjeuner, des arrêts carburants préventifs (on refait les pleins dès que le premier tiers du réservoir est consommé), quelques déviations à cause de routes coupées pour travaux, du roulage, et nous voici à Baccarat, porte des Vosges.
On devine le massif. Dernières lectures des cartes par Eusebio, briefing avec Le Clown, un dernier ravitaillement et l'ascension commence.
Il est 19 heures quand nous arrivons au col du Donon. La température est fraîche. Il était temps d'arriver.
Nous somme à un peu plus de 700 mètres d'altitude. Le paysage est principalement celui de forêts de résineux. Nous voilà en montagne, avec des routes pleines de virages, ce que l'on est venu chercher ici.
On vient de faire 500 kilomètres depuis Paris.
Demain sera un autre jour. Roulage dans le massif vosgien, avec des scoots allégés de nos bagages.
La météo s'annonce sèche. Dormons tranquilles.